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Xavier

Parole d’acteur #24 - Xavier Pasteau : "Apporter une approche du développement local, c’est aussi contribuer à une vision plus globale des choses."

Publié le 13/05/2025
Temps de lecture : 10 min
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Xavier Pasteau est directeur des Politiques contractuelles et de l'ingénierie territoriale au sein de la communauté d’agglomération Royan Atlantique. Il est devenu il y a quelques mois le président de l’association des Agents de Développement de Nouvelle-Aquitaine (ADENA).

1/ Bonjour Xavier, tu travailles au sein de l’agglomération de Royan depuis 2013. Peux-tu nous présenter ton territoire?

L’agglomération de Royan réunit 33 communes et compte 84 000 habitants en période hivernale, mais jusqu’à 350 000 l’été. C’est un territoire assez complexe, avec un littoral balnéaire, avec des marques connues comme Royan ou La Palmyre, qui se caractérise par une population résidente plutôt senior, mais aussi des entités de bassins ostréicoles et des entités plus rurales qui forment le socle d’activités agricoles (notamment viticoles), de sylviculture et de pêche. On dit souvent d’un territoire qu’il est hétérogène, mais, pour celui-ci, je trouve que cette hétérogénéité est particulièrement marquée. Fabriquer une communauté de destin dans ce contexte est d’autant plus difficile. L'intercommunalité, ce n’est pas forcément un acquis, il faut beaucoup de travail pour entretenir la cohésion.

2/ Quand tu dois expliquer ton métier, comment t’y prends-tu?

Pour simplifier (et …. pour justifier peut-être!), j’explique que mon poste sert à trouver des financements pour les projets. C’est un  peu limitatif, mais j’essaye de montrer les apports qu’on a et d’insister sur la transversalité qui est la nôtre. Beaucoup de services fonctionnent encore en silo, apporter une approche “développement local”, c’est aussi contribuer à une vision plus globale des choses.

3/ Quel a été ton parcours jusqu’à aujourd’hui?

J’ai fait des études d’économie à l’Université et j’ai terminé ces dernières par un DESS “Économie de l'aménagement et du développement local”. C’est comme ça que je suis tombé dans le développement local! À l’issue de mes études, j’ai intégré un bureau d’études, spécialisé en développement local et démocratie participative. Ce bureau d’études portait une unité nationale d’animation du réseau LEADER II (1994-1999), puis LEADER + (2000-2006) et enfin du réseau rural sur la programmation LEADER (période 2007-2014). Jusqu’en 2005, j’ai pu accompagner des Groupes d’Action Locale (qui ont la responsabilité du déploiement de LEADER sur les territoires) à différents stades de leur vie. Cela a été une expérience hyper formatrice, surtout pour un début de carrière dans le développement local. Le bureau d’études a beaucoup grossi, et j’ai souhaité rester dans une relation de proximité avec les territoires. J’ai alors créé mon propre bureau d’études , basé à Agen. J’ai beaucoup travaillé sur les accompagnements de territoire, notamment dans le cadre du programme LEADER et dans l’évaluation des politiques publiques. J’ai d’ailleurs réalisé une mission pour PQN-A - à l’époque  PQA - en 2006! Il s'agissait de mettre en œuvre un cycle de formation dédié à l’évaluation des politiques publiques. Le contexte s’est un peu tendu à la fin des années 2000 et au début des années  2010 et j’ai arrêté mon activité pour rejoindre une collectivité. C’est ainsi que j’ai intégré la communauté d’agglomération de Royan en 2013, au poste de chef du service développement économique. Il a fallu travailler l’entrée de la structure dans une trajectoire de développement local en général et de développement économique de manière spécifique. On a vraiment travaillé à cela avec l’élaboration d’une stratégie économique d’agglomération, avec la mise en place d’une sorte d’agence de développement, pour accompagner les porteurs de projet. Aujourd’hui, dans le cadre du contrat régional et du programme européen LEADER/OS5, la communauté d’agglomération travaille avec trois autres EPCI. Il a été nécessaire de s’impliquer au-delà du développement économique pour mettre en place des démarches plus partenariales, par exemple sur la croissance bleue. C’est vraiment dans ce contexte que mon poste actuel de directeur des politiques contractuelles a été créé en 2021, pour répondre aux enjeux et aux besoins qui demandent une vision englobante des dynamiques.

4/ Ce qui est intéressant dans ce que tu dis de ton poste, c’est qu’il y a une véritable évolution, avec tout d’abord une construction en interne de la vision du développement du territoire et maintenant une vision ouverte vers des partenariats…..

Oui, tout à fait. Sur la construction de l’intercommunalité, on a pu “jouer” et s’appuyer sur les évolutions législatives. Ces dernières nous ont fait avancer collectivement vers des nouvelles compétences, même si cela n’a pas toujours été bien vécu au départ. On a aujourd’hui une approche plus volontaire, avec de belles réalisations, comme notre Projet Alimentaire Territorial (PAT) ou encore la compétence nautisme (ce qui est une compétence encore assez rare pour les EPCI).

Sur la construction des partenariats, le périmètre imposé par la Région englobant 4 EPCI a pu susciter des inquiétudes chez les élu.e.s, mais finalement, elles et ils ont joué le jeu. Dans les équipes techniques, tout se passe bien. On bénéficie aussi d’un PETR qui porte la coordination du contrat et du programme européen. Au-delà des équipes des politiques contractuelles, les équipes qui sont dans l’opérationnel se sont rencontrées également. On a fait émerger des échanges sur des problématiques communes, comme les mobilités, l’habitat, les démarches alimentaires territoriales. Le travail sur la croissance bleue a été engagé de cette manière.

Aujourd’hui, nous sommes concernés et impliqués par le projet de Parc Naturel Régional des marais du littoral charentais, qui intègre deux tiers du périmètre de notre agglomération, mais aussi celui de la communauté de communes du Bassin de Marennes, celui de l’agglomération de Rochefort-Océan et quelques communes rattachées à quatre autres structures (communauté d’agglomération de La Rochelle, communautés de communes d’Aunis Sud, Coeur de Saintonge et Vals de Saintonge). Cela représente 180 000 habitants et sept EPCI. Il va falloir y aller sur le dialogue et la coopération entre les territoires! Pour cela, nous allons nous appuyer sur les travaux d’un conseil scientifique et des instances de concertation. Ce sont nos grands défis à venir. Nous avions déjà des démarches spécifiques à destination des marais. Mais là, c’est à une plus grande échelle.

5/ Quels sont les projets dont tu es le plus fier?

Je suis très heureux d’avoir été utile aux acteurs économiques du territoire lors de la période de la crise sanitaire. Ça a été un travail compliqué, complexe, que nous avons dû réaliser en peu de temps. La communauté d’agglomération a fait le choix d’intervenir après les aides d’urgence de l'Etat, à un moment où nous avons pressenti que ce serait difficile pour les entreprises.

En tant que consultant, l’accompagnement du territoire de la Vallée du Lot dans le cadre de sa candidature LEADER 2007-2013 est un très bon souvenir. Le territoire avait fait le choix de préparer cette candidature sur une année, très en amont du lancement de la nouvelle programmation. Le GAL s’est construit chemin faisant, sur des bases solides.

6/ Tu es aussi le jeune président de l’ADENA. Peux-tu nous en dire plus?

L’ADENA a été pour moi une évidence, tant la mise en réseau est nécessaire. Cette association a malheureusement du mal à grandir. L’ancienne équipe était en demande de passer la main et il y avait peu de candidats. Devant le risque que cette dynamique s’arrête, je me suis proposé pour intégrer le bureau de l’association.

Nous partageons une volonté de faire grandir l’association, de partager des valeurs, de parler métier au-delà des thématiques d’action de chacun.e. Ce n’est pas un réseau de ressources techniques, on est plus sur la posture, la pratique, le positionnement. Nos partis pris pourraient être plus forts, mais nous ne sommes pas assez mûrs pour cela pour le moment.

7/ Peux-tu nous parler de ta relation à PQN-A?

J’ai toujours suivi l’activité et les travaux de PQN-A, qui est pour moi un acteur essentiel pour accompagner et soutenir les équipes dans la mise en œuvre des politiques publiques à l’échelle locale. C’est d’autant plus important dans le contexte actuel, où le développement local voit parfois ses valeurs contestées.

8/ PQN-A et l’ADENA organisent conjointement le forum des développeurs les 12 et 13 juin à Mont-de-Marsan. Le thème de cette année est le dialogue territorial. Comment peux-tu définir ce dialogue?

Pour moi, le dialogue territorial, c’est avant tout une approche des démarches participatives. Quel que soit le projet, il faut le co-construire avec les acteurs. Le dialogue territorial ne se décrète pas, il faut des outils pour le mettre en œuvre. Élaborer une stratégie, la mettre en œuvre, procéder à son évaluation : autant d’étapes qui doivent être menées collectivement.

Cela est d’autant plus vrai sur la question des transitions : on ne fera rien sans les acteurs. On est dans un moment où on remet plein de choses en cause et il va falloir gérer les conflits. On va avoir besoin aussi de se former sur ces questions là. Le forum est une bonne occasion de voir où on est sur ces sujets.

Lien vers l'événement FORUM 2025

9/ Un mot de la fin en forme de message à destination des collègues néo-aquitains?

En tant qu’agent de développement local, il faut qu’on ose affirmer et mettre sur la table des sujets! Nous ne sommes pas des élu.e.s, mais nous sommes légitimes à le faire, par la pratique que nous avons. Le dialogue peut être plus riche si on s’autorise cela.

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