Retour sur la visite sur site #2 sur le PNR des Landes de Gascogne : la forêt dans les transitions territoriales

Ressource centrale pour les territoires, avec une importance notable en Nouvelle-Aquitaine, la forêt est au cœur de plusieurs enjeux en lien avec la transition énergétique et les objectifs d’atténuation du changement climatique, mais aussi avec la transition environnementale et la gestion des risques et enfin avec les transitions sociétales qui s’opèrent dans les territoires. Croiser ces enjeux, c’est donc aborder la complexité du territoire et de son action, pour accroître la résilience face aux défis environnementaux et socio-économiques actuels.

Adaptation du territoire aux risques, préservation de la biodiversité, lien avec les autres ressources naturelles, gestion de l'anthropisation et croissance des espaces urbanisés : les problématiques soulevées appellent une vision systémique et la collaboration des acteurs.

Créé dès 1970, le Parc naturel régional des Landes de Gascogne s’étend de Lanton, sur le bassin d’Arcachon, jusqu'à la Grande Lande, en intégrant les Landes girondines. Ce territoire interdépartemental est marqué par la forêt et recouvre une grande partie du massif des Landes de Gascogne (d’où il tient sa dénomination). La surface couverte par le Parc représente 360 000 hectares. Le Parc réunit 53 communes au sein du syndicat mixte d’aménagement qui s’appuie, avec les collectivités membres de son périmètre, sur une feuille de route stratégique pour mener à bien le projet de territoire : la Charte du Parc.

Sur le territoire du PNR, résilience et qualité patrimoniale sont intimement liées à la forêt. Le territoire est en effet couvert à plus de 75% par la forêt. Cette forêt est composée à 90% de pinède cultivée, 10% composant des unités feuillues en mosaïque, en trames linéaires près des vallées ou sur le plateau. Premier massif cultivé d'Europe, composé à 95% de forêt privée, le massif se trouve aujourd'hui confronté à des défis majeurs en raison des bouleversements climatiques (sécheresses prolongées, incendies, tempêtes, grêle, inondations, et attaques parasitaires), des attentes sociétales, et des impératifs de la transition écologique

L’interface entre les espaces urbanisés et les espaces forestiers constitue un défi pour les collectivités. Sur la commune de Saint-Symphorien, les incendies de 2022 ont fortement marqué les acteurs. Dans une optique en premier lieu de prévention et de gestion du risque incendie, la commune s’est emparée du sujet de la gestion des lisières.

L’action de la commune consiste en une acquisition foncière opérée par la commune elle-même pour créer un  feu (40 mètres de large et 1 kilomètre de long) entre le massif forestier et un quartier résidentiel. Cette acquisition permet une gestion du risque plus efficace, puisque l’entretien du pare-feu est assuré par les services municipaux.

Mais ce nouvel espace communal porte aussi des ambitions de reconquête des espaces naturels par les habitants et de sensibilisation de la population (implication des élèves du collège et de l’école primaire dans la plantation de feuillus et mise en place d’un refuge pour la biodiversité par exemple). Des questions relatives aux usages et aux paysages sont également soulevées. Le PNR, qui s’est inscrit dans une démarche de Plan de paysage, accompagne la commune sur les dynamiques et les perspectives paysagères qui peuvent être celles de ce type d’espace.

La notion de lisière définit la zone de contact formée entre l’urbain et la forêt. Les processus d’urbanisation ainsi que l’évolution des paysages forestiers ont contribué à faire des lisières des zones à enjeux forts au regard du risque incendie. La commune d’Origne compte 187 habitant.e.s. Elle adopte une forme urbaine “classique” des villages du périmètre du PNR : un petit centre urbain historique, des airiaux anciens et des lotissements pavillonnaires plus récents qui sont venus rapprocher la forêt et l’urbain. 

L’A’urba a été mobilisée pour accompagner le Conseil Régional Nouvelle-Aquitaine et le PNR dans l’analyse des enjeux concernant l’aménagement et la gestion des interfaces entre espaces urbains et forêt. La commune d’Origne, particulièrement impactée par les incendies de 2022 (70% de la forêt a brûlé, mais le bourg a été préservé), a été retenue comme territoire test afin de comprendre et de traiter les problématiques d'aménagement et de gestion des lisières. La problématique des lisières avec les espaces urbanisés n’a pas été prise en compte dans la planification des reboisements. Si la question de la sécurité est bien sûr prégnante, la considération d’un espace d’agrément pour les habitant.e.s constitue aussi une des bases de cette action.

Les éléments à retenir : 
Depuis 150 ans, est observée une fermeture des paysages en lien direct avec la progression du massif et la déprise agricole. La disparition des pratiques agropastorales marque le pas des espaces agricoles ouverts.
La difficulté principale réside dans la maîtrise du foncier. Les parcelles forestières sont des parcelles appartenant à des propriétaires privés et ont une vocation économique. Une des pistes de travail privilégiées est de réussir à combiner la préservation de la vocation économique et la vocation d’agrément pour les habitants.
Cette étude constitue un outil pour se projeter dans l’avenir.

Dans le contexte actuel de changement climatique, le territoire fait face à deux types de risques : risques relatifs à la sécheresse qui impacte les ressources forestières (stress hydrique, vulnérabilité de la ressource aux maladies et au risque incendie) et risques relatifs aux inondations. Ces risques se répartissent d’un côté en amont, avec l’assèchement des sols qui fragilise la ressource forestière, et de l’autre en aval, avec un ruissellement plus rapide. Cet équilibre hydrologique complexe révèle un lien étroit entre dynamique forestière, et fonctionnement de la nappe phréatique.

Pour répondre à ces enjeux, la Société forestière de la Caisse des Dépôts et le Parc naturel régional travaillent en partenariat pour expérimenter des solutions fondées sur la nature. Si les investissements de reméandrage envisagés n’ont pas encore démarré, les dispositifs préparatoires de suivi sont installés. L’impact attendu de l’expérimentation est une diminution du stress hydrique en période estivale, tout en conservant un équilibre pour éviter les inondations. L’ambition de cette expérimentation est d’aboutir à des recommandations sur la gestion des fossés et d’esquisser un nouveau modèle de gestion hydraulique en forêt, conciliant les impératifs de production sylvicole et les exigences de résilience écologique. Cette action s’inscrit également en lien avec le programme “Forêt de demain et aménagement du territoire” .

Animation par l’Union régionale des collectivités forestières de Nouvelle-Aquitaine (Noémie Rochel)

Animation par PQN-A

Animation par le CEREMA (Clémentine Sergent-Brachet et Elodie Moulin)

• Investir le volet culturel : Forêts en scène
• Développer l'éducation à l'environnement : l'offre pédagogique et les événements du PNR
• Enjeux et perspectives pour les Landes de Gascogne : série de podcasts réalisée par le réseau de recherche Futurs- ACT Nouvelle-Aquitaine

• Buisset Catherine, L’urbanisation anarchique, facteur aggravant des incendies dans les Landes,The Conversation France, août 2022
• Piganiol Victor, Un an après, retour sur les incendies forestiers en Gironde de 2022, Géoconfluences, septembre 2023
• Huteau Hélène, La résilience des forêts de Gascogne à la loupe, La Gazette des communes, avril 2025 (accès restreint)

• Leroy Manon, Quels défis pour la mutlipfonctionnalité des forêts, La 27e Région, mars 2023