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La sécurité dans les quartiers populaires : la parole donnée aux habitantes et habitants

Vincent Terny, Charlotte Genet
Publié le 04/12/2025
Temps de lecture : 5 min
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Depuis 2011, et tous les deux ans, la Fédération des Centres sociaux et Socioculturels de France (FCSF) et le Réseau national des centres de ressources politique de la ville (RNCRPV) coopèrent autour d’un ouvrage dédié aux paroles d'habitantes et d’habitants dans les quartiers populaires. Après avoir mis à l’honneur en 2023 les engagements et mobilisations multiples des habitants, le choix du thème pour l’édition 2025 s’est porté sur l’(in)sécurité et la vulnérabilité dans les quartiers populaires.

 

Au total, 25 centres sociaux situés dans 20 départements et 300 habitants ont été entendus dans cette démarche.

Pourquoi choisir le thème de l’insécurité ?

Depuis la première édition, la question de l’insécurité revient fréquemment dans les paroles d'habitants sans pour autant en faire un sujet prioritaire, de peur notamment de renforcer la stigmatisation des quartiers populaires. Si ce sujet n'est pas facile à traiter, c’est parce qu’il regroupe des faits et des sentiments et qu’il se retrouve facilement sur la scène politique et médiatique. L’objectif ici est donc de donner la parole aux habitants sur un sujet qui mérite d’être traité avec sérieux en prenant en compte sa complexité.

Ce rapport se découpe en quatre grandes parties, qui visent à : 

  • Pointer le décalage entre les chiffres de la délinquance et le sentiment d’insécurité alimenté et exacerbé par le traitement médiatique du sujet
  • Revenir sur des situations spécifiques d’insécurité (lieux, espaces, moments)
  • Analyser les facteurs (structurels, éducatifs, urbanistiques, socio économiques) de l’insécurité dans les quartiers populaires
  • Explorer les moyens d’action, les alternatives à la répression pour agir sur l’insécurité dans les quartiers (prévention, animation de la vie des quartiers). 

Se sentir en (insécurité) dans les quartiers populaires : que retient-on ?

À travers les paroles d’habitants et les chiffres existants sur ce sujet, plusieurs constats méritent d’être soulignés. Tout d’abord, la violence est en baisse dans les sociétés contemporaines depuis un siècle, et ce sont davantage certains discours politiques et médiatiques qui exacerbent la place de l’insécurité dans les débats. 

Globalement, les habitants contestent  ce sentiment d’insécurité dans les quartiers, sauf certaines typologies de personnes : les personnes très isolées, les personnes âgées, les femmes et des parents inquiets pour leurs enfants. 

Si la présence du deal dans les quartiers est un fait constaté par les habitants, il n'est pas pour autant toujours synonyme d’insécurité, sauf en présence de personnes extérieures au quartier. Les faits d’insécurité sont souvent en lien avec des lieux (caves, arrêts de transport en commun, etc.) ou des moments spécifiques (la nuit, le 31 décembre, etc.). Les habitants soulignent que le risque de violence est souvent plus élevé dans la sphère privée que dans l’espace public. 

La question de la responsabilité liée à l’insécurité est posée et plusieurs pistes sont évoquées : un déficit d’éducation notamment pour les parents démunis, un cadre de vie délabré qui entraîne un sentiment d'abandon de la société. Néanmoins, le sentiment d’insécurité est principalement vécu à travers le prisme des vulnérabilités économiques et sociales. La disparition des commerces et des services publics dans le quartier est aussi perçue comme une vulnérabilité.

En matière de solution, si la parole ne semble pas libérée (peur des représailles notamment), l’intervention policière est largement critiquée car jugée violente, inefficace et discriminatoire. Une présence policière plus humaine et axée sur la prévention est davantage souhaitée, ce qui permettrait aux habitantes et habitants notamment de se sentir considérés par les institutions. 

Finalement, ce sont davantage des actions de partage, d’interconnaissance entre habitants visant à faire communauté qui sont préconisées pour renforcer le sentiment de sécurité dans les quartiers. 

Quatre recommandations de ce rapport pour agir dans les quartiers

  • Donner une place pleine et entière aux habitant·es au sein des instances liées à la sécurité 
  • Repenser l’équilibre entre aménagement urbain et présence humaine dans l’espace public dans un souci de qualité de vie
  • Renforcer la présence des services publics dans les territoires 
  • Soutenir durablement l’animation du lien et de la vie sociale et le tissu associatif dans les quartiers populaires. 

 

Télécharger ici le rapport "Se sentir en (insécurité) dans les quartiers populaires"

 

À travers ces témoignages, on obtient une vision plus nuancée du sentiment d’insécurité vécue dans les quartiers, pas uniquement lié à la délinquance mais aussi à travers les vulnérabilités subies par les habitants, où la répression ne se présente pas comme une solution en tant que telle. Ce constat est à mettre en lien avec un cas pratique local :  l’enquête réalisée par l’AREVSI et commandée par Bordeaux Métropole sur les événements de banlieue de juillet 2023

Cette analyse du traitement médiatique de cet événement et du ressenti des habitants souligne là aussi un certain décalage. Si seulement 3% des répondants ont participé à cette mobilisation, les ¾ la comprennent. Les médias quant à eux parlent davantage de jeunes et d'émeutiers que de mobilisation. L’arrivée des forces de l’ordre n’a rassuré que 12 % des personnes interrogées. Dans les pistes de solution, là aussi, la répression n’arrive pas en tête des réponses : les habitants demandent un accompagnement vers l’emploi, des actions culturelles  et un appui aux initiatives de participation citoyenne

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